Il y a 20 ans, André Cools était assassiné

Ce lundi 18 juillet, il y a exactement vingt ans que le ministre d'Etat André Cools (PS) était abattu avenue de l'Observatoire, à Cointe, en région liégeoise. André Cools est le seul politicien belge, avec le communiste Julien Lahaut, à avoir été assassiné dans l'exercice de ses fonctions.

18 juillet 1991, peu avant 7h30: le ministre d'Etat André Cools est abattu de deux balles alors qu'il s'apprête à monter dans sa voiture sur le parking de l'immeuble où habite sa compagne, Marie-Hélène Joiret. Cette dernière, qui est la seule à avoir vu le tueur, reçoit une balle à hauteur de l'épaule droite. Elle s'en sortira miraculeusement.

Le 26 juillet, la juge d'instruction liégeoise Véronique Ancia reçoit une lettre anonyme. La missive met en cause Alain Van der Biest, ministre wallon des Pouvoirs locaux, et son secrétaire particulier, l'ancien policier communal Richard Taxquet.

Au début de l'été 1992, Carlo Todarello, un truand d'origine italienne et oncle par alliance de Richard Taxquet, dénonce dans la presse son neveu et Van der Biest comme commanditaires de l'assassinat du "maître de Flémalle".

Les révélations impliquent aussi Pino Di Mauro, chauffeur au cabinet Van der Biest, et Cosimo Solazzo, qui aurait aidé à recruter les tueurs qu'il hébergera à Liège.

L'enquête piétine jusqu'en 1996. Le 3 septembre, un témoin se présente auprès des autorités judiciaires liégeoises pour y faire des déclarations.

Il réclame l'anonymat total et monnaye une déposition en 15 points sur l'assassinat du ministre contre 8 millions de francs (près de 200.000 euros). L'enquête redémarre et les inculpations tombent rapidement.

Témoin anonyme

Le témoin désigne comme commanditaires plusieurs personnalités politiques, dont Alain Van der Biest. A propos du mobile, il déclare que Cools a été abattu parce qu'il embêtait trop de personnages haut placés. Selon lui, l'assassinat était prévu depuis décembre 1990.

L'enquête, menée par la juge Véronique Ancia, concluera rapidement que l'assassinat est lié à l'activité politique d'André Cools, nombreux de ses collaborateurs étant proches de la mafia italienne. Elle évoquera aussi des connexions possibles avec des scandales de corruption comme les affaires Agusta et Smap mais sans jamais réussir à établir de lien direct.

Le 2 juin 1998, les deux tueurs tunisiens sont condamnés à 25 ans de prison en Tunisie après avoir avoué leur crime et confirmé avoir été recrutés en Sicile par Carlo Todarello. Pino Di Mauro les a entraînés au tir et leur a fourni les armes ainsi que de faux papiers. Cosimo Solazzo les a hébergés. Mimo Castellino (photo) les a aidés à fuir, avant de les reconduire en Sicile.

Le 7 janvier 2004, après un long procès, six autres accusés sont reconnus coupables par la Cour d'assises de Liège. Pino Di Mauro et Richard Taxquet, considérés comme les cerveaux du complot, sont condamnés à 20 ans de réclusion. Carlo Todarello, en fuite juste avant l'ouverture du procès et qui réapparaîtra durant celui-ci, est condamné à 5 ans, de même que Luigi Contrino. Mimo Castellino, qui s'était réfugié en Italie, est condamné par défaut à 20 ans et sera arrêté deux ans plus tard. Cosimo Solazzo, condamné lui aussi à 20 ans par défaut, court toujours.

Le principal suspect, Alain Van der Biest (photo), s'est suicidé le 17 mars 2002, éteignant par conséquent l'action judiciaire à son encontre.

 

Tous les condamnés belges sont libres

Richard Taxquet, condamné en 2004 à 20 ans de prison pour avoir organisé l'assassinat de l'ancien ministre socialiste, a été libéré sous conditions après que la Cour européenne des droits de l'homme a jugé son procès illégal.

Pino Di Mauro, condamné comme Taxquet à 20 ans pour avoir armé et entraîné les tueurs tunisiens, bénéficie depuis plus d'un an d'une libération conditionnelle après avoir purgé un tiers de sa peine.

Mimo Castellino, également condamné à 20 ans pour avoir aidé les tueurs à fuir, bénéficie lui aussi d'une libération conditionnelle. Condamné par défaut en 2004, Mimo Castellino a été "rejugé" en 2007 à la suite de son arrestation à l'occasion d'un voyage en Allemagne. C'est le seul à avoir reconnu les faits et avoué sa participation à l'assassinat. S'appuyant sur l'arrêt Taxquet, il a cependant lui aussi déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme, arguant ne pas avoir eu un procès équitable car les jurés n'ont pas motivé sa condamnation.

Cosimo Solazzo, le quatrième condamné à 20 ans, est toujours en fuite.

Deux autres personnes, Carlo Todarello et Luigi Contrino, avaient été condamnées à 5 ans de prison. (Belga)

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