Les pauses cigarette décomptées en Wallonie

Les fonctionnaires fumeurs du Service public de Wallonie doivent désormais enregistrer leurs sorties et rentrées dans le bâtiment et le temps passé à fumer est décompté de leur temps de travail. Les fonctionnaires doivent également observer la plus grande discrétion vis-à-vis du public quand ils fument.

Dans une lettre adressée à ses cadres le mois dernier, le directeur général du Service public de Wallonie écrit que "la présence d'agents fumant devant les bureaux n'est pas de nature à donner une image positive de notre administration". Les agents sont donc invités à fumer dans les cours intérieures des bâtiments ou les parkings extérieurs, "hors de la vue des passants". "Le non-respect de ces dispositions pourrait entraîner la mise en oeuvre d'une procédure disciplinaire", insiste le directeur général

Le courrier ajoute que les membres du personnel sont tenus "d'enregistrer toute sortie et entrée, quelle qu'en soit la cause." Les pauses cigarette seront donc décomptées du temps de travail.

Une "aberration" pour les syndicats, qui dénoncent une nouvelle stigmatisation des fumeurs "qui assimile le fait de fumer à de la paresse ou à une nuisance pour l'administration." Les syndicats ont décidé de s'attaquer au dossier et entendent forcer la direction à revoir ses pratiques, même si elles ne sont pas illégales.

Les fonctionnaires flamands exemptés

La Fondation contre le Cancer est plus ou moins d’accord avec les syndicats et estime que le décompte du temps des pauses cigarette n’est pas une priorité. «La priorité en relation avec la législation sur le tabagisme porte sur la protection contre les dangers du tabagisme passif», a réagi Luk Joossens, porte-parole de la Fondation contre le Cancer. «Le but n’est pas de faire une chasse aux fumeurs. Cela ne cadre pas, cela peut seulement être utile s’il y a abus, mais parfois on constate également des abus chez les non-fumeurs, donc pour nous ce n’est pas une priorité», ajoute-t-il.

Précédemment, le ministre flamand de l’Intérieur Geert Bourgeois (N-VA, photo) avait déjà pris une initiative semblable. Dans une lettre envoyée au mois de juillet, il interdisait aux fonctionnaires flamands de fumer sur le trottoir devant le bâtiment de leur administration. Il estimait, lui aussi, que les fonctionnaires qui fument sur le trottoir donnent une mauvaise image du gouvernement flamand.

Mais il n’a pas été aussi loin que la décision wallonne et n’oblige pas les fonctionnaires à décompter leurs pauses. Il ne trouve d’ailleurs pas qu’il s’agit là d’une bonne idée : «Cela va à l’encontre de notre culture. Nous comptons sur la responsabilité des individus pour faire leur travail, plutôt que de faire attention aux minutes. Badger et débadger n’est pas une manière de d’évaluer les gens. Ceux qui prennent une courte pause pour aller aux toilettes et pour prendre un café ne doivent pas pointer».

Le gouvernement wallon n’est pas la première «entreprise» à décompter les pauses cigarette du temps de travail. Cette mesure est d’application chez bpost, notamment.

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