Des séropositifs privés d’antirétrovirus à Anvers?

Le centre public d’aide sociale (CPAS) d’Anvers refuse d’allouer encore automatiquement une somme mensuelle de 800 euros pour le traitement d’une personne sans papier qui est séropositive. Chaque cas sera étudié individuellement, mais cela pourrait signifier que certaines victimes du sida se retrouveront sans médicament. L’Institut de médecine tropicale tire la sonnette d’alarme. Sans antirétrovirus, des virus du VIH résistants peuvent en effet se développer, ce qui constitue un danger pour la santé publique.

L’Institut de médecine tropicale d’Anvers a été approché ces 18 derniers mois par une vingtaine de personnes séropositives qui ne recevaient plus d’aide financière du centre public d’aide sociale de la métropole pour acheter le traitement dont elles ont besoin. Normalement, les CPAS en Belgique doivent accorder aux personnes sans papier une aide médicale d’urgence. Mais celui d’Anvers refuse encore de le faire si les patients en question peuvent aussi se procurer les médicaments dans leur pays d’origine.

« Le remboursement des antirétroviraux était aussi déjà un problème sous l’administration communale précédente », précise le conseiller de CPAS et médecin Dirk Avonts (Groen). « Le nouveau conseil de l’action sociale a confirmé maintenant que tous les cas de patients atteints du VIH seront examinés individuellement et qu’il n’y aura plus de règle générale. Cela n’a pas de sens à nos yeux. Chaque patient a besoin d’antirétroviraux contre le VIH ».

Après quelques jours sans antirétrovirus (ARV), les virus commencent à nouveau à se multiplier. D’autre part, une trop faible dose d’ARV peut entraîner le développement de virus du VIH résistants. « Cela représente une menace pour la santé publique », estime Ludwig Apers de l’Institut de médecine tropicale d’Anvers. « Aussi parce que nous savons que de nombreux sans-papiers se prostituent pour survivre ».

"Ne pas financer les antirétroviraux onéreux"

La présidente du CPAS anversois, Liesbeth Homans (N-VA, photo), défend la façon de travailler de son centre. « Nous allons évaluer au cas par cas si le demandeur séropositif pourrait obtenir l’antirétrovirus aussi dans son pays d’origine. Si c’est le cas, nous ne voyons pas pourquoi le CPAS d’Anvers devrait prendre en charge les antirétroviraux onéreux. Les autorités fédérales n’interviennent aussi que partiellement dans le financement des thérapies ».

La ministre fédérale de la Santé publique, Laurette Onkelinx (PS), souhaite trouver une solution pour les sans-papiers séropositifs d’Anvers. Elle compte examiner le dossier cette semaine encore avec la Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Maggie De Block (Open VLD).

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