Jour de fête en Flandre

La Communauté flamande de Belgique a choisi le 11 juillet pour sa fête annuelle, soit le jour de la Bataille des Eperons d’or de 1302 qui vit les milices communales de Flandre vaincre l’armée féodale du roi Philippe le Bel aux abords de la forteresse de Courtrai (actuelle Flandre occidentale). Pour les Flamands, cette victoire est symbole du début de leur indépendance. A cette occasion, le président du Parlement flamand Jan Peumans (N-VA) a encouragé les Wallons à ne pas craindre une réforme de l’Etat.

Le 11 juillet 1302, dans la plaine de Groeninghe avec les murailles du château de Courtrai en toile de fond, les milices flamandes composées de 20.000 hommes à pied armés du goedendag (lourde lance hérissée d’une pointe métallique) affrontent les troupes françaises du roi Philippe IV de France composées d’environ 50.000 hommes, fantassins et chevaliers.

Alors que les chevaliers français trop lourdement armés s’embourbent avec leurs chevaux dans les marécages, les combattants flamands - bénéficiant de l’aide de Brabançons et de Namurois - parviennent à remporter la bataille. Comme trophées, ils ramènent les éperons d’or de tous les chevaliers tombés au combat et les exposent dans l’église Notre-Dame de Courtrai.

Surnommée pour cette raison la Bataille des Eperons d’or, cet affrontement marque pour les Flamands le début de leur indépendance. La victoire permit en effet à la Flandre (qui tirait à l’époque sa prospérité de l’industrie textile) de ne pas être rattachée à la France. Aujourd’hui encore, cette bataille est symbole pour les Flamands de leur émancipation culturelle. D’où le choix de cette date pour célébrer la Fête flamande.

Fête populaire et discours

Ce dimanche, des fêtes populaires sont organisées dans toute la Flandre. Comme chaque année aussi, la crème de la politique flamande s’est rassemblée le matin à l’hôtel de ville de Bruxelles. A cet événement assistaient également diverses personnalités politiques fédérales, bruxelloises et wallonnes, comme le ministre-président wallon Rudy Demotte, le président du PS et actuellement préformateur Elio Di Rupo, ainsi que le président du Sénat Armand De Decker (MR).

Dans son discours de 11 juillet, le président du Parlement flamand Jan Peumans (N-VA, photo) a appelé les Francophones du pays à collaborer à une véritable réforme de l’Etat, grâce à laquelle « le centre de gravité sera déplacé vers les Régions ». Selon le nationaliste flamand, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent également en Wallonie pour réclamer pareille réforme.

Jan Peumans a assuré ses auditeurs que lors des négociations en vue de cette réforme, la Flandre ne partira pas d’un point de vue anti-wallon. « La Flandre n’est pas l’ennemie des francophones. Nous devons parvenir à un contrat entre les deux grandes communautés. Ce contrat de vie commune doit comprendre les règles du jeu avec une indication très transparente des droits et des devoirs, avec un mécanisme de solidarité », déclarait Peumans, faisant ainsi clairement allusion au confédéralisme.

« Si cette réforme d’Etat est bonne pour la Flandre, elle le sera aussi pour la Wallonie ».

Plaidoyer pour une révolution copernicienne

Selon la tradition, le ministre-président Kris Peeters (photo d'archives) prononçait son discours de la Fête flamande samedi soir, à Courtrai - localité qui en 1302 vit se dérouler la Bataille des Eperons d’or.

Kris Peeters y a réitéré sa volonté d’une révolution copernicienne du modèle belge, guidée par l’idée d’un nouveau pragmatisme, dénuée d’émotivité et fondée sur quatre principes, à savoir un gouvernement fédéral qui vienne en soutien de la politique flamande, une réforme en profondeur de l’Etat qui donne aux entités fédérées des compétences homogènes, ensuite un renforcement du lien avec Bruxelles et enfin une collaboration durable entre toutes les entités.

La Flandre doit renforcer son lien positif avec la capitale, estime le ministre-président, et il ne peut être question d’un élargissement de la Région bruxelloise, comme le réclament des politiques francophones, ni de compétences pour la Communauté française en Flandre. Peeters juge que l’arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde doit être scindé pour exécuter l’arrêt de la Cour constitutionnelle de 2003.

Kris Peeters plaide enfin en faveur d’une « Charte pour la Flandre ». Selon lui, ce texte doit constituer la base de l’entité Flandre et comprendre les droits et libertés d’une part, inspirés de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et de la Constitution belge, et d’autre part les principes qui organisent l’entité. Il proposera au Parlement flamand de discuter de ce projet à la rentrée.

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