Jeux téléphoniques télévisés: une imposture

Durant quatre mois, Maxime De Winne a joué le rôle de présentateur de jeu téléphonique télévisé pour le compte de l’émission de la VRT "Basta", qui a ainsi pu mettre en évidence les pratiques de ces jeux, dont les organisateurs contournent souvent les dispositions légales.

L’infiltré a postulé auprès de la société qui produit des jeux téléphoniques télévisés pour le compte des chaînes flamandes VTM et 2BE. Maxime De Winne (photo) a été engagé en tant que présentateur et a ainsi pu transmettre des informations à l’équipe de l’émission "Basta" durant près d’une demie année.

Il a notamment pu effectuer des enregistrements en caméra cachée grâce auxquels il a démontré que les producteurs de ces jeux détournent autant qu’ils le peuvent les règlements imposés. Ainsi, les coordonnées de la commission des jeux de hasard, à laquelle le téléspectateur peut s’adresser en cas de plainte, ne sont diffusées que très brièvement lors de l’émission. Par ailleurs, la limite d’âge fixée à 18 ans n’est pas strictement respectée.

Un autre jeune homme, participant au plan d’infiltration, a également pu démontrer que les jeux de calculs proposés par l’émission sont quasiment irrésolubles pour le téléspectateur. Gaëtan De Weert est en effet parvenu à trouver la clé du système de jeux de calculs après six mois de recherche. Il a aussi pu prouver que les producteurs faisaient parfois eux-mêmes des erreurs, la bonne réponse diffusée étant donc dans ces cas erronée.

Depuis les révélations faites par cette émission, la VMMa (Vlaamse Media Maatschappij), maison mère de VTM et 2BE, a décidé d'arrêter immédiatement la diffusion des jeux téléphoniques télévisés. 

Carl Devlies : "renforcer les règles ou interdire"

Le secrétaire d'Etat à la lutte contre la fraude, Carl Devlies (CD&V), a dit mardi qu'un arrêté royal devrait être adopté sous peu visant à renforcer les règles en matière de jeux téléphoniques.

Il espère ainsi qu’un accord pourra encore intervenir cette semaine. "Si le gouvernement n’était pas tombé, les discussions auraient déjà abouti depuis longtemps", a souligné le secrétaire d’Etat.

S'il s'avérait que les choses ne s'améliorent pas malgré tout, Carl Devlies (photo) envisage d'interdire ce type de jeux, comme c'est le cas aux Pays-Bas.

La commission des jeux de hasard demandeuse de règles plus strictes

La commission des jeux de hasard réclame davantage de réglementation autour des jeux téléphoniques, indique le président de la commission, Etienne Marique.

La nouvelle législation impose aux organisateurs de jeux téléphoniques d'obtenir une autorisation à partir de cette année. Les arrêtés royaux en ce sens doivent encore être publiés. "Nous sommes demandeurs", déclare M. Marique. "L'organisation doit être améliorée."

Le président de la commission des jeux de hasard estime que la tâche ne sera pas facile. "Ce qui est clair pour l'un ne l'est pas forcément pour un autre. Cela sera difficile à objectiver."

La commission ne reçoit pas beaucoup de plaintes sur les jeux téléphoniques. "Leur chiffre d'affaires est relativement limité par rapport aux autres jeux."

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